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Critique

Photo / Rie Yamada, ses familles recomposées

publié le 18 janvier 2019 à 17h27

C'est une rafraîchissante petite exposition qui fait émerger les jeunes talents encore en écoles d'art à Riga (Lettonie), à Wroclaw (Pologne), à Berlin (Allemagne) et à Paris. Dans le cycle «Hors les murs» de la galerie du Crous à Paris, «Emerging Line» a regroupé huit artistes qui ne se ressemblent en rien, à part peut-être qu'ils prêtent à sourire. A l'entrée, l'œil éclairé d'un cyclope chauve jette un regard effrayé sur les visiteurs. Parfois, sa pupille ronde se contracte en losange comme celle des amphibiens. Drôle d'accueil que l'on doit à Zoe Thonet, en quatrième année aux Beaux-Arts de Cergy. Planchant sur un mémoire de biologie spéculative, la plasticienne imagine comment, un jour, l'homme pourrait redevenir poisson.

Le plus charmant dans ce parcours, ce sont les photographies de Rie Yamada, née en 1984 à Nagoya au Japon. Etudiante en master de communication visuelle à Berlin, elle s’y est inscrite après avoir travaillé pendant trois ans dans un studio. Largement influencée par le photographe Yasumasa Morimura, elle pratique l’autoportrait masqué mais exploite le champ de la famille. S’appropriant des albums trouvés, elle se grime et reproduit les clichés, prenant la place de chacun des personnages grâce au montage.

L'idée lui est venue, en 2011, après le tsunami au Japon. Alors que tout était détruit, les Japonais ne cherchaient qu'une chose : leurs photos de famille disparues. Espiègle et attendrie, elle donne à ses portraits une charge comique et mélancolique. Ses photomontages sont accompagnés des albums anonymes. Premier volet d'une trilogie, elle travaille actuellement sur des familles de location au Japon. A suivre, donc. C.M.