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Libération

Street-art : le Banksy du Bataclan volé

publié le 27 janvier 2019 à 20h26

«C'est une profonde indignation qui nous anime aujourd'hui. L'œuvre de Banksy, symbole de recueillement et appartenant à tous : riverains, Parisiens, citoyens du monde, nous a été enlevée», pouvait-on lire samedi en fin d'après-midi sur les comptes Twitter et Instagram du Bataclan. Le pochoir, découvert le 25 juin sur l'une des issues de la salle de spectacle, a été volé. Il représentait une femme, triste, le visage couvert d'une mantille de coulures de peinture blanche.

L'opération a été filmée par les caméras de surveillance alentour et les bandes remises au 2e district de la police judiciaire, chargé de l'enquête. «On a l'impression qu'on a vraiment affaire à des pros. Trois hommes casquettés, cagoulés et gantés ont mis moins de dix minutes à démonter la porte au pied-de-biche, avant de la découper et de l'emporter dans un camion», témoigne une source proche du dossier.

L'alarme s'est déclenchée au moment où la porte a été enlevée, mais le groupe, dont on peut supposer qu'il agissait sur commande, a pris la fuite avant l'arrivée de la police. «Une enquête de flagrance a été ouverte du chef de vol avec dégradation», a confirmé une source judiciaire à Libération. S'il est d'habitude difficile de faire valoir un préjudice en matière de street-art, par nature illégal, le Bataclan va porter plainte en tant que propriétaire de la porte et donc de l'œuvre et permettre d'éventuelles poursuites.

L’art urbain, régulièrement l’objet de détérioration - ou de nettoyage, selon de quel point de vue on se place - par les services municipaux pour lesquels un tag est un tag, est de plus en plus souvent la cible de voleurs très au fait de la notoriété des street-artists. Les pochoirs de Banksy, comme les œuvres de nombreux autres, valent en effet des sommes folles dans les plus grandes salles des ventes comme sur des marchés moins officiels et plus douteux.

Quelle est la valeur de l'hommage de Banksy aux victimes des attentats de Paris ? Le Bataclan avait souhaité le «laisser, libre, dans la rue, accessible à tous», «persuadé que cette œuvre n'avait de sens qu'à cet endroit-là». La porte a été remplacée.