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Libération
Critique

Lourdes Castro, des ombres et décors

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L’artiste portugaise, enfin dans la lumière, expose à Sérignan ses œuvres aux lignes épurées, silhouettes découpées dans du Plexiglas.
«Sans titre», 1966, collection V. Pinto da Fonseca. (Aurélien Mole)
publié le 25 février 2019 à 17h16

La jeune fille n’a pas de regard : en lieu et place de ses yeux, deux couches de peinture grise. Voici le tableau qui ouvre une exposition où toutes les œuvres de Lourdes Castro poursuivent une même quête, celle de dissiper les absences, les manques, les blancs qui les constituent pourtant. Jusqu’à ce qu’Anne Bonnin supervise cette rétrospective au Musée régional d’art contemporain de Sérignan, l’artiste portugaise, née en 1930, manquait elle-même à l’appel des tablettes de l’histoire de l’art en France. Car après avoir été très active à Paris - où, fuyant l’autarcie du régime de Salazar, elle s’installe au seuil des années 60, fréquentant la faune avant-gardiste de l’époque - après être ensuite rentrée à Madère où elle demeure encore, elle disparut peu à peu de la scène et ses œuvres des cimaises. Comme cela arrive souvent, c’est un artiste d’une autre génération, Francisco Tropa, 50 ans, qui les recommandera à la commissaire.

Empreinte

Balbutiant à ses débuts une peinture abstraite lyrique pas folichonne, Lourdes Castro livre des tableaux intrigants montrant des objets usuels emballés dans un papier argenté, et comme englués sous cette peau finement métallique. Cette manière de soustraire les choses à la vue et de donner à la peinture abstraite une belle matérialité, Lourdes Castro l’appliquera aux êtres. Les plaçant devant un faisceau lumineux, elle détoure leur silhouette sur une toile ou un papier collé au mur de son minuscule appartement parisien. Elle re