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Libération
Critique

Tony Regazzoni prend fête et cause pour la nuit

La Halle Tropisme de Montpellier, maquillée en dancefloor géant, mélange habilement tous les codes du genre.
publié le 25 février 2019 à 17h16

Et si, au lieu de visiter une expo, vous alliez plutôt faire la fête ? Mais de 18 heures à 22 heures, à la Halle Tropisme à Montpellier, transformée en boîte de nuit. C’est là que Tony Regazzoni a installé un dancefloor avec du gros son. Une atmosphère clubbing pour fêter l’arrivée de la Glassbox dans la capitale de l’Occitanie.

Invitée par la Panacée MoCo, la galerie associative Glassbox, fondée en 1997 et située à Oberkampf à Paris, crée une antenne dans le Sud et s’installe dans une ancienne halle mécanique avec l’objectif de faire trois expos par an, à l’issue de résidences. Premier invité de la saison, Tony Regazzoni a maquillé 230 mètres carrés de hangar en Macumba industriel où se croisent dans le noir lasers ultraviolets, platine de DJ, autel en carton-pâte inspiré d’un temple grec, parking sur lequel campe une Peugeot tunée aux phares allumés et peintures murales réalisées avec la composition chimique du LSD et du MDMA.

Kitsch. Mêlant les basiques des boîtes campagnardes et les codes des clubs urbains, Tony Regazzoni compose une ambiance crépusculaire et synthétique, propice aux frissons, pulsée par une playlist house et deep house. Ses amis artistes sont de la party : Eric Tabuchi et ses photos d'extérieur kitsch de discothèques (le Backstage ou le Ginza) et les créatures en céramique d'Hélène Mourrier, qui tendent leurs doigts fragiles pour nous aspirer dans la danse.

La fête ne serait pas complète sans cet hommage à Guillaume Dustan dont le livre Je sors ce soir donne son titre à l'expo. «Je me suis offert le droit de relire Dustan», glisse Tony Regazzoni pour qui l'auteur, mort en 2006, a compté dans son initiation au délicieux Enfer de Dante des boîtes de nuit gays parisiennes.

Icônes. Il les découvre en 2005, débarqué de son Jura natal. Forcément, le meilleur de ce show a lieu dans les backrooms où il faut se glisser pour découvrir les peintures en forme d'icônes d'applis réalisées par l'artiste et les dessins érotiques du duo Avaf. Au dehors, une éblouissante fresque fluo en coucher de soleil rend la nuit artificielle bien plus belle que le jour.