Des troubadours ont élu domicile au Palais de Tokyo - attention, le samedi seulement. Habillés de vareuses en épaisse toile de couleur, chaussés de chaussons chinois en velours et ficelés dans des cordelettes lâches, les saltimbanques, indifférents au passage des visiteurs, vaquent à leurs énigmatiques occupations : ils chantent, enroulent des bandelettes, attrapent des cerceaux en cuivre et prennent soin de grosses poupées molles qui leur ressemblent. Des pots en terre cuite et des hampes en bois traînent çà et là. Débarqués d’un autre âge ou d’une autre planète - on ne sait pas -, ces performeurs ont germé dans l’esprit d’Ulla von Brandenburg pour cette exposition prévue il y a trois ans. Offrant un miroir inversé à nos vies urbaines trépidantes, l’artiste allemande, née en 1974 à Karlsruhe et installée à Paris, nous transporte dans un monde au ralenti, anachronique et réversible, où les frontières s’estompent entre les éléments. Se jouant de l’endroit et de l’envers, des échelles et des perspectives, Ulla von Brandenburg, formée à la scénographie et inspirée par l’univers du cirque, brise le quatrième mur, cette cloison invisible qui d’ordinaire sépare la scène du spectateur.
Diaphragme
Dès l’entrée, elle aspire l