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Critique

Jan Van Eyck, insigne révélateur

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Précurseur par son réalisme et son sens du détail, le maître flamand est célébré à Gand à travers une exposition où ses portraits et volets du célèbre polyptyque de «l’Agneau mystique», récemment restaurés, côtoient d’autres œuvres du Moyen Age finissant.
Volets extérieurs de l’Adoration de l’Agneau mystique. (Photo D. Provost. Lukas. Art in Flanders)
publié le 2 mars 2020 à 17h16

Commençons par une affirmation anachronique, une rêverie : la Bourgogne, alors, c'est presque l'Europe. On est au début du XVe siècle, à la lisière entre le Moyen Age et la Renaissance. Les possessions du plus puissant des ducs de Bourgogne, Philippe le Bon, vont des Flandres à l'Espagne. On ne sait quasi rien du peintre flamand Hubert Van Eyck, mort en 1426. Il a dû commencer certains panneaux du polyptyque de l'Agneau mystique, inauguré le 6 mai 1432 - du moins si l'on en croit le fameux quatrain figurant au bas des volets, désormais authentifié par la restauration de l'œuvre entreprise en 2012. Cette restauration, qui a apporté bien des surprises, est la colonne vertébrale de l'exposition de Gand, ville du polyptyque et, par conséquent, Mecque de la peinture.

On sait que le frère du mystérieux Hubert, Jan Van Eyck, poursuit, complète et assemble l'Agneau mystique, dans des proportions essentielles, aujourd'hui moins difficiles à déterminer ; qu'il a été pendant seize ans, jusqu'à sa mort en 1441, l'artiste favori de Philippe le Bon ; qu'il a peint les tableaux qui l'ont rendu aussitôt célèbre en Europe après l'Agneau mystique ; que ses généreux émoluments provoquèrent des remarques auxquelles le duc répondit sèchement que «nous ne trouverions point le pareil à nostre gré ne si excellent en son art et science». Car Jan Van Eyck, né dans le Moyen Age finissant, est un homme de la Renaissance : très cultivé, observateur méticuleu