C'est une terrasse princière. Perchée tout au-dessus de la Seine avec vue imprenable sur le Louvre. Ecrasée par le soleil, une table de jardin un peu rouillée - où sont disposés deux cafés dans des pots de yaourt en verre, et quelques amandes bio récupérées dans les poubelles du quartier - paraît se perdre dans l'immensité. Depuis le 10 mars, l'hôtel particulier de Mailly-Nesle et son immeuble mitoyen, qu'a quitté la Documentation française en février 2018, accueillent une trentaine d'occupants d'une dizaine de nationalités, à la bourse bien plus modeste que celles du résident moyen du VIIe arrondissement parisien. Ce n'est pas dans ce quartier hors de prix qu'on leur reprochera de gentrifier… «On est des nomades. Un coup, c'est une villa. Un coup, c'est un parking», philosophe Dan, peintre aux revenus tout sauf réguliers. Dans ce bâtiment - qui, après la Révolution française, servit de dépôt d'objets d'art confisqués puis de logement aux artistes expulsés du Louvre -, ils imaginent des ateliers, une galerie, un café qui seraient ouverts au public une fois que les règles sanitaires le permettront. Mais avant même que le rêve puisse prendre forme, le collectif se trouve déjà dans une situation judiciaire compliquée, en procédure contre le musée d'Orsay et l'Etat, propriétaires chacun de l'un des deux immeubles. Contactés par Libération, les avocats de ces derniers ainsi que la direction du musée n'ont pas donné suite.
Au centre, le bâtiment