Nommée à la tête du musée en 2016, Marie Lavandier cherche à faire du Louvre-Lens un «Louvre autrement», soit un véritable outil de décentralisation culturelle ancré toujours davantage dans le territoire des Hauts-de-France. L'exposition «Soleils noirs», née d'une intuition personnelle, s'inspire du passé minier pour créer une promenade documentée et sensible dans l'art du noir. Fermée avant même d'être ouverte au public, l'exposition a été bousculée, en partie amputée par la crise sanitaire, et finalement prolongée jusqu'en janvier 2021…
Pourquoi le noir ?
Parce qu’il est physiquement présent, ici à Lens. Je suis attachée à la genèse du Louvre-Lens, qui est un musée voulu par ses habitants sur un territoire plongé dans une crise économique lors de la fermeture des mines. Ici, c’est une terre de charbon : le musée est situé sur un ancien carreau de mine, la veine de charbon est toujours plusieurs centaines de mètres sous nos pieds. Les terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle, les plus hauts d’Europe, signent le paysage, lui confère sa mémoire et une esthétique particulière que je trouve très belle.
La couleur de la modernité ?
Le noir, c'est une grande question de l'histoire de l'art qui m'habite depuis longtemps. J'ai toujours réfléchi à ce mystère du noir - j'ai d'ailleurs fait un DEA sur Pierre Soulages. C'est une couleur fascinante car elle offre un vrai défi au peintre figuratif : comment peindre quand il n'y a plus de réfléchissement de la lumière ? C'est effectivement une couleur de la modernité à partir du XIX