Au Mexique, un «coyote», dans la vie de tous les jours, c'est un type pas net qui trafique des choses louches. En somme, quelqu'un de corrompu ou de malhonnête qui, moyennant finances, se charge par exemple de faire fabriquer des faux-papiers aux migrants. Mais un coyote, c'est aussi le terme qu'utilisaient les Aztèques pour parler des Espagnols, juste après la conquête de leur pays au XVIe siècle. Mélangeant performance, vidéo et installation, Yoshua Okón, né en 1970 et vivant à Mexico, a fait rejouer à un «coyote» mexicain, embauché pour l'occasion, la performance de Joseph Beuys I Like America and America Likes Me, réalisée en 1974 par l'artiste allemand à la galerie René Block à New York pour rendre hommage aux Amérindiens. Alors que Beuys avait une vision idéaliste de l'Amérique en assimilant le coyote aux origines du continent et à la spiritualité précolombienne, Okón se moque du maître allemand dans Coyoteria et fait voler sa version en éclat, avec humour et connaissance de l'histoire. Multiplier les regards permet ici de renverser les points de vue ainsi que les mécanismes d'aliénation.
Expo
Yoshua Okón : coyote détourné
Yoshua Okón, «Coyoteria», 2003 (vidéo).
(Photo Courtesy Yoshua Okón et galerie Kaufmann Repetto)
publié le 19 juillet 2020 à 17h36
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