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Libération
Une vie en héritage (7/36)

Anna Klumpke, le dernier bonheur de Rosa

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Dévastée par la mort de sa compagne, la célèbre peintre animalière accueille chez elle une jeune artiste américaine chargée de réaliser son portrait. Elles ne se quitteront plus et Rosa fera d’Anna l’héritière de son domaine et de sa mémoire.
Anna Klumpke et Rosa Bonheur en 1898. (Photo DR)
publié le 24 juillet 2020 à 17h21

C'est un peu Portrait de la jeune fille en feu, mais dans la vraie vie. Et avec plus de péripéties. Une jeune artiste américaine et une grande peintre française confinées dans un château, un portrait impossible, le «mariage divin de deux âmes», une mort tragique et la promesse de consacrer sa vie à honorer la mémoire et assurer l'héritage de sa bien-aimée.

Rembobinons l’histoire. Anna Klumpke voit le jour le 28 octobre 1856 à San Francisco, dans une famille d’immigrés allemands aisés. Enfant, une blessure à la jambe la laisse infirme. Ses parents se séparent quand elle a 15 ans et sa mère prend ses enfants sous le bras, direction l’Europe, où elle espère qu’ils recevront la meilleure éducation possible. Grâce à son acharnement, les sœurs Klumpke réussissent toutes brillamment leurs études, et seront reconnues chacune dans leur domaine. Dorothea devient astronome, Julia violoniste et Augusta neurologue, en plus d’être la première femme interne des hôpitaux de Paris. La famille vit en Allemagne, en Suisse, puis s’installe finalement à Paris, où Anna rejoint une école privée, l’Académie Julian, puisque les Beaux-Arts ne sont, à l’époque, pas ouverts aux femmes.

Car sa passion à elle, c’est la peinture. Bien longtemps avant les Barbie Frida Kahlo, Anna jouait quand elle était enfant avec une poupé