Elle ressemble à un émoji flèche vers le haut. Ou à un champignon. D'autres diraient à un parasol. En tout cas, le sujet du tableau ce n'est pas tant la femme («vraie Strasbourgeoise, Parisienne portant un costume ou peut-être la sœur du peintre», conjecture le musée des Beaux-Arts de Strasbourg) que son couvre-chef. Il est absolument délirant, triangle garni de dentelle noire pointé vers le haut, capuchon démesuré.
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C'est le clou du spectacle de ce costume traditionnel des dames alsaciennes de la fin du XVIIe siècle. On a rarement trouvé méthode plus élégante que ce bicorne pour tenir les fâcheux - et les contagieux - à bonne distance. Accessoirement, cela peut aussi prémunir de la pluie le petit chien qu'elle tient dans les bras et qui semble - regardez ses papattes - vouloir quitter la pose.
Consultés, les collègues spécialistes sont formels : il s’agirait d’un cavalier king-charles. La légende dit que Marie-Antoinette, qui deviendra reine de France en 1774, avait le même cabot. Mais selon les forums des fans de Marie-Antoinette (oui, nous aussi on apprend qu’ils existent) rien n’est moins sûr : le quadrupède royal aurait peut-être été plutôt une sorte d’épagneul (japonais, même, nous précise une vétérinaire de Strasbourg) dont il existe une représentation en porcelaine de Sèvres (hideuse).
Reste que sous Marie-Antoinette, une chose est sûre, ce costume n'existait plus. Victime de notre bon vieux jacobinisme, il a été interdit parce que trop régional et pas assez français. Le bicorne parapluie a complètement disparu au cours du XVIIIe siècle.