Réalisée en 2019, la série «Poils, sueur et paillettes», du duo de photographes et réalisateurs Léa Magnien et Quentin Chantrel, nous propulse dans les coulisses du carnaval de Cayenne. Très liés à la Guyane, des souvenirs d’enfance plein la tête, les auteurs racontent un lâcher-prise populaire, extravagant, décryptant cette pratique culturelle comme unique endroit de liberté et d’expression pour la jeunesse, avec une mise en lumière des «touloulous sales», petits groupes désorganisés, essentiellement des hommes déguisés défilant de façon spontanée dans les rues. Les touloulous sales, par leur pratique subversive, reflètent l’essence même de la culture carnavalesque dotée d’une fonction sociale. Vus de l’intérieur, les préparatifs se cadencent dans une atmosphère festive. Une histoire de fraternité virile où chacun des membres de la famille a un rôle, la mère créant un costume excentrique, le cousin s’occupant du ravitaillement, tous s’amusant fièrement dans ce fascinant moment de transformation.
Le travestissement, tradition souvent transmise par un grand-oncle, relève d’une tradition de l’autodérision et du grotesque avec les performances des touloulous sales, leurs jeux de rôle, leurs attitudes sexuelles renforcées par des vêtements féminins dont les matières criardes s’opposent à leur féminité. Durant les jours gras, marquant la clôture des festivités endiablées, l’inversion des genres est à l’honneur, avec les mariages burlesques.