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Rencontre

Musée du Quai-Branly : «J’ai toujours pensé qu’un jour ces pièces retourneraient chez elles»

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Voyage en terres d'ethnologie avec le Quai Branlydossier
Né en 1960 à Nouméa, Emmanuel Kasarhérou dirige depuis mai le musée parisien. Son profil suscite de grands espoirs chez les partisans d’un renouvellement du lieu, tandis qu’un projet de loi sur la restitution au Bénin de 26 objets de sa collection, spoliés pendant la colonisation, sera discuté début octobre à l’Assemblée.
Emmanuel Kasarhérou a été nommé à la tête du Quai-Branly en mai. (Photo Nicola Lo Calzo pour Libération)
publié le 24 septembre 2020 à 18h31

Le matin de notre rencontre, Emmanuel Kasarhérou, le nouveau président du musée du Quai-Branly - Jacques-Chirac à Paris (VIIe), voué aux arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, était entendu à l’Assemblée nationale. Il s’exprimait, après la présentation d’un projet de loi en Conseil des ministres en juillet, au sujet des restitutions à la république du Bénin de 26 objets, «le trésor des rois d’Abomey», actuellement dans les collections du musée (le texte sera présenté à l’Assemblée le 6 octobre). Si Emmanuel Kasarhérou a trouvé les députés intéressés et informés, il s’est un peu étonné qu’ils soient si peu nombreux pour l’entendre. Non pas que le nouveau président ait une si haute idée de sa personne - tout le monde le décrit comme «discret» et «modeste». Mais «les restitutions», tel qu’on nomme désormais le sujet par raccourci, c’est-à-dire le retour d’objets spoliés pendant la colonisation, a fait l’effet d’une petite bombe à fragmentation dans le monde feutré des musées. Cette bombe a déjà causé d’infinis remous, surtout depuis la publication d’un rapport prônant des restitutions assez massives d’objets en provenance d’Afrique subsaharienne, «Restituer le patrimoine africain», commandé par Emmanuel Macron à l’historienne française Bénédicte Savoy, qui dispense des cours brillants sur l’histoire des musées au Collège de France, et l’économiste, écrivain et universitaire sénégalais Felwine Sarr.