Bruno fait ce même rêve, une fois par semaine. Hector revient tout seul à la maison, comme un grand. «Et il m'attend.» Leur histoire est pourtant terminée depuis deux ans, «mais je ne m'en suis pas encore remis. Je suis dans la phase du déni. Quand il a pris la route, je l'ai tout de suite regretté. J'ai beau me répéter que c'était qu'un tas de ferraille, ça tient pas longtemps comme argument. Elles sont attachantes, ces petites bêtes». Hector, c'est un combi Volkswagen de 1975. Il est orange avec le toit qui se lève, une banquette qui se transforme en lit, un petit frigo et une gazinière. Bruno a vendu Hector. Mais il en parle encore, et bien : «Il faisait partie de la famille, ce petit machin. Il avait une bonne bouille, des formes rondes, presque sensuelles. Il avait ses petits défauts aussi.»
L’histoire d’Hector et Bruno est universelle, un coup de foudre qui touche tous les possesseurs du petit van. Soixante-trois ans après son lancement en Allemagne, le combi est une des figures marquantes des années 70, des grands départs pour Katmandou qui parfois s’arrêtaient à Argenteuil, des vacances sur les plages, en bord de champ, sur les parkings, n’importe où, symbole d’une liberté réelle ou fantasmée. D’où l’émoi provoqué par ce communiqué du groupe allemand publié au cœur de l’été : le combi façon Scoubidou, c’est fini. En ce mois de décembre, l’usine de São Bernardo do Campo, au Brésil, arrête sa production, la dernière qui assemblait encore le fa