On ne va pas chez le coiffeur. Non : on va dans un endroit qui pratique la «haute coiffure urbaine à faible empreinte écologique». Eh bien, voilà qui commence au petit poil, dans un bel espace capillaire niché entre Agnès b et la caserne de pompiers près des Halles, dans le ventre de Paris. On y monte assez intrigué par un tout petit escalier qui pourrait aussi bien mener à un bordel début de siècle.
De bien belles créatures font l'accueil, d'une exquise courtoisie, une petite tête à cheveux quasi blancs demande si on a rendez-vous, un beau jeune homme en costard noir et petit chapeau semble avoir très envie de faire quelque chose de convenable avec ce chignon informe : pas touche, on est venu tâter de la frange, car c'est ici le temple de la frange, the place to be des poildelatetistas.
Le comptoir des franges, le bar à frange, peu importe, un intéressant concept lancé en mars 2011, qui consiste donc à venir se faire faire une frange sur mesure, coupée, colorisée par l'un des sept spécialistes locaux et à repartir avec pour 75 euros TTC. C'est un tabac : «On en fait 20 par jour, explique Damien. Avant, ça se faisait pour les shows, la frange amovible, mais pas pour les clientes. Ça a répondu à un besoin.» Un besoin urgent de frange ? Vraiment ? «Ce n'est pas un phénomène qui vient de la rue, rigole le jeune coiffeur, ceintré dans son costume noir, le dress code du salon 5 étoiles, chic mais pas guindé», comme il le soulign