Depuis que l'utilisation de l'ambre et du musc naturels est limitée par la convention de Washington, l'oud est devenu la star des parfums orientaux. Cet accord au sillage animal et subversif met fin au règne des parfums fleuris dits «transparents». Les liquides se parent de reflets ambrés, les notes sont chaudes et rugueuses évoquant parfois une odeur presque sale. «Il y a peu encore, se souvient Jacques Huclier, nez chez Givaudan, le liquide coloré typique des orientaux faisait vieillot. Aujourd'hui, c'est un signe de richesse et de qualité des ingrédients.»
C'est au début de la crise que les marques commencent à travailler l'oud. L'objectif ? Plaire au Moyen-Orient, un marché où les clients dépensent cinq fois plus que les Européens pour se parfumer. Et rapidement, est née dans son sillage une déferlante de parfums orientaux d'un nouveau genre, le «french oriental» comme l'appelle Denyse Beaulieu (1). Bien loin du magnifique mais classique Shalimar de Guerlain, le sillage se fait plus âpre, plus fauve, plus enveloppant. François Demachy chez Dior le marie au cuir, Jo Malone à la bergamote, Tom Ford à la rose ou au tabac quand Aqua di Parma le décline en cologne. Le surdosage d'oud entraîne aussi celui d'ingrédients incontournables comme la myrrhe, l'encens et le benjoin. Traditionnellement utilisés en notes de fond, ils prennent la tête des formules et sont poussés sur les devants de la scène. Myrrhe Impériale, d'Armani Privé, Encens Fève tonka de