Ainsi donc, c’est de là qu’ils proviennent ces émaux géométriques, ces pompons colorés, ces tissages graphiques qui ont, depuis de nombreuses années maintenant, infiltré notre paysage visuel et nos modes de vies, des parures flash de la haute couture jusqu’aux serviettes de bain de la grande distribution. Autant d’emprunts à l’artisanat des Imazighen, ou Berbères, plus anciens habitants d’Afrique du Nord, du Rif jusqu’au Sahara, dont une exposition célèbre en ce moment les savoir-faire à la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, à Paris (1).
L'expo s'intitule «Femmes berbères du Maroc», car ce sont elles qui étaient, et sont toujours, chargées de transmettre la langue, la culture et les techniques de la communauté, de génération en génération. Elles seules qui tissent les somptueux tapis accrochés au début du parcours, dont les couleurs et les motifs - losanges, triangles, cercles - renvoient à différents symboles, le plus souvent de fertilité. On s'arrête pour contempler les décorations brochées dans les coins, l'excellence d'un tissage qui épouse la forme d'une selle. Le catalogue nous apprend que la laine porte en elle une bénédiction, que ces tissages revêtent un caractère sacré - «Une femme qui a fait 40 tapis au cours de sa vie est certaine d'aller au ciel», dit le dicton.
Mais le clou de l’expo, ce sont ces bijoux sculpturaux, d’argent, de corail et d’amazonite, où l’on remarque, assemblés dans un art consommé de l’accumulation, pendentifs en forme d’œufs,