Menu
Libération
Série

Jeanne d’Arc s’appelait Philippe

Conspirations, complots, rumeurs… les bruits courent toujours. Aujourd’hui, la «Pucelle d’Orléans» était un homme.
publié le 20 juillet 2015 à 17h36

Tout le monde connaît la belle histoire de Jeanne, humble bergère qui entendit des voix lui commandant de bouter l’Anglois hors de France et d’aller couronner le gentil dauphin, futur Charles VII, en sa cathédrale de Reims. S’en suivirent de bien belles batailles, le sacre, une trahison, puis le procès inique mené par l’évêque Cauchon et enfin le martyr dans les flammes sur la place du vieux marché à Rouen. Un récit édifiant, sanctifié par l’Eglise puis par tous les manuels d’histoire. Un récit qui, pour une fois, méritait une relecture critique. Et elles furent nombreuses.

Ainsi, nombre d’historiens et d’érudits ne purent admettre qu’une petite paysanne illettrée puisse lever une armée, rencontrer le roi à Chinon, le reconnaître dans une foule d’inconnus, alors qu’il avait quitté ses habits royaux, puis partir à la guerre et en remontrer aux plus vaillants chevaliers de l’époque. Non, l’adolescente n’aurait pu réaliser ces exploits que si elle avait été elle-même une princesse de sang royal. En l’occurrence une demi-sœur du roi Charles VII, fille adultérine de la reine de France, Isabeau de Bavière, et du duc Louis d’Orléans. Préparée et entraînée à sa future tâche par l’entourage du monarque, elle aurait été le fer de lance d’un vaste mouvement de reconquête, porté par le halo de mysticisme entourant la fable «des voix divines».

Autre variante, Jeanne était un homme, Philippe (demi-frère du roi, cette fois-ci, mais toujours fils de la reine de France Isabeau de Bavière et du duc Louis d’Orléans). Officiellement déclaré mort le jour de sa naissance puis enterré dans la basilique Saint-Denis, l’enfant aurait été élevé en marge de la cour, puis serait parti en croisade pour défendre les intérêts de sa famille. D’où sa connaissance de la chose militaire, les habits d’hommes…

Et quid du procès et du bûcher final ? Pour d’aucuns, la princesse Jeanne, ou le prince Philippe, auraient été remplacés par une simple d’esprit, vraie mystique, qui aurait continué à amuser les juges avec ses voix célestes. D’autres évoquent une substitution au dernier moment (Jeanne était cagoulée en allant au supplice) et une sorcière aurait été sacrifiée pour l’occasion. Ensuite, les vrais faux libérateurs d’Orléans seraient retournés à leurs moutons. Ou auraient été exécutés. Dans les années qui suivirent, des Jeanne d’Arc «survivantes» auraient été signalées un peu partout dans le royaume…

Chronique réalisée à partir de Et si c'était la vérité de Christophe Bourseiller, éd. la Librairie Vuibert.

DEMAIN : LE CADAVRE DE NAPOLéon