Kim Joon a toujours été fasciné par le corps humain. Depuis quelques années, il a commencé à explorer ses formes, ses attaches, sa texture. Et rapidement, s’est ajouté à ces premières recherches le thème du tatouage, qu’il découvre durant son service militaire en Corée du Sud, à une époque qui considère cette pratique comme une marque d’infamie. Alors qu’il est étudiant à la Hongik Universiy de Séoul, il tatoue ses amis de façon artisanale avec une simple aiguille trempée dans l’encre de Chine. Le tatouage reste souvent associé à l’image des gangs et regardé comme l’emblème des classes inférieures, des parias et des criminels. Illégaux, les tatoueurs sont même passibles de prison, sous le prétexte d’exercice illégal de la médecine.
En réunissant ses deux passions, il recrée de toutes pièces des corps irréels, comme «mutants», aux couleurs vives. Bien que ses travaux semblent purement photographiques, ce sont en fait des manipulations numériques de figures simples qui sont tournées et répétées à la manière d'une trame. La série Somebody exploite la totalité du corps ainsi qu'une grande variété de couleurs, d'où surgissent des êtres aux formes étranges, entrelacs de corps nus et de membres, tatoués, gravés ou peints, perdant presque toute humanité. On oublie la chair pour ne voir qu'un assemblage hétéroclite, inquiétant mais toujours d'une sensualité à fleur de peau et à la beauté surréaliste, comme ce doigt phallique à la peau de serpent.
DEMAIN : TIM BARBER