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Poutine fait du judo, Poutine galope, Poutine décolle en ULM… En kimono, torse nu ou en anorak, Vladimir Poutine est un pro de l’instantané viril toute saison. On vous a dit qu’il pêchait des brochets mastoc ? Qu’il caressait des tigres ? Le président russe feuilletonne un roman-photo aux vignettes irréelles. Mais au milieu de l’esbroufe surnage une passion qui semble authentique. Les diplomates étrangers savent que Poutine raffole des chiens, alors ils le gâtent.
En Bulgarie, pour fêter la signature d’un contrat gazier, on lui met dans les mains un toutou nommé Yorgo. Le cadeau déclenche un élan démocratique inattendu chez le président russe, qui organise une consultation citoyenne pour changer le nom de l’animal. Le grand perdant de ce sondage sera le chiot lui-même, mochement rebaptisé Buffy.
Vladimir Poutine sait aussi faire plaisir à ses amis. En 2012, il offre à Hugo Chávez un «chien de Staline», une race de terrier noir. La référence amuse la presse, qui rit plus fort encore lorsque Chávez choisit d’appeler le cabot El Russo, en hommage à l’ex-agent du KGB.
Poutine souhaite également montrer qu’il aime la nature sauvage, les grands espaces, alors il joue les pères protecteurs auprès des tigres, des bélugas, des ours polaires, des dauphins… Prière de ne pas regarder en coulisses. Quand il passe en Sibérie pour cajoler un jeune léopard, l’escapade tourne au mini-scandale. D’après l’antenne russe du WWF, l’animal a été spécialement capturé et baladé en hélicoptère pour une minute de tendresse avec le boss du Kremlin. Cette propagande animalière sert Poutine comme il faut. Il casse l’image autoritaire, brutale, qui lui colle à la peau. Ses photos papillonnent sur les réseaux sociaux, on clique, on sourit, on oublie un temps l’Ukraine et l’état de la Russie.
Mais les thèmes sont poussiéreux. Son imagerie gonflée invoque l’emprise puissante de l’homme sur la nature, décrit un monde sauvage qu’il faudrait amadouer, conquérir, maîtriser jusqu’aux confins les plus hostiles. Le cinoche d’El Russo a parfois des airs de western désuet.
A suivre : des koalas au sommet du G20 et le chameau de Hollande