Précédemment : les pandas de Chine, Zarafa la girafe, un éléphant pour Mitterrand, les bêtes sauvages de Poutine.
Le G20 millésimé 2014 sentait la poudre avant même l'atterrissage du premier jet. Demandez à Tony Abbott, le Premier ministre australien, chargé d'organiser ce sommet à Brisbane, un week-end de novembre. Tous les oracles prévoyaient un fiasco, une rencontre musclée entre des chefs d'Etat prêts à en découdre au sujet de l'Ukraine. Abbott lui-même avait annoncé qu'il allait «plastronner» Vladimir Poutine, traduction approximative de shirtfront, une violente charge irrégulière en football australien.
Placé sous ces auspices virils, le rendez-vous promettait d’exploser en plein vol, avec coups de gueule, claquements de porte et réunions annulées.Ravalant ses menaces initiales, le l’Australien a tout fait pour éviter le tollé et relaxer ses hôtes. Il a proposé que les dirigeants s’appellent par leurs prénoms, puis a convié Barack, François et les autres à une pause barbecue. Avant de dégainer sa botte secrète, incarnée par une bande de koalas. Personne ne se souvient de l’issue de ce G20 ni de la merguez party, mais la diplomatie du koala a marqué les mémoires. Au sortir d’une réunion, les maîtres du monde ont eu l’occasion de câliner longuement une troupe de marsupiaux agrippés à leurs épaulettes. Tony et Barack, tout sourire, étreignaient les koalas comme des poupons turbulents. Plus timide, Angela s’est approchée pour une chatouille. Vladimir, un koala calé entre les bras, a esquissé une grimace, un rictus qui pouvait évoquer la joie, ce qui a laissé dire aux observateurs qu’enfin, la glace diplomatique était légèrement fendue. L’animal n’était sans doute pas plus à l’aise que le président russe. Le koala n’apprécie pas le contact humain. Après trente minutes de caresses journalières, il est gagné par le stress, ce qui n’empêche pas l’Australie d’utiliser le marsupial comme outil diplomatique et appât à touristes depuis les années 80.
Le pays entretient une relation contrariée avec sa mascotte, menacée d’extinction dans certaines régions, proliférant dans d’autres, au point d’être chassée par les autorités pour éviter la surpopulation. La survie de l’espèce demeure incertaine, victime de la déforestation, des chiens domestiques et du réchauffement climatique. Ironiquement, ce dernier sujet était au programme du G20 australien. Il est passé au troisième plan, loin derrière des instants câlins bien plus photogéniques.
DEMAIN : le chameau de Hollande