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Libération
Animaux diplomatiques (6/6)

Le chameau malien, farce ou tajine ?

Que s’offrent les grands de ce monde au cours de leurs voyages officiels ? Des cadeaux protocolaires à poils.
Un chameau en 2005 au zoo d'Amnéville. (Photo Emmanuel Faivre, CC BY SA)
publié le 13 août 2015 à 17h36

Pas commode, le chameau. Il blatère tellement qu'on n'entend plus le Président. Nous sommes en février 2013, à Tombouctou. Sur le tarmac, costume cintré et chaussures cirées, François Hollande découvre le charmant cadeau offert par les autorités du Mali en remerciement de l'intervention militaire française : un jeune chameau indiscipliné. «Je l'utiliserai autant que je pourrai comme moyen de transport», s'amuse le chef de l'Etat, longe en main, comme s'il allait le ramener à Paris sur-le-champ. Derrière lui, Jean-Yves Le Drian, moins en verve, plombe l'ambiance d'un regard froncé, annonçant déjà que la bête qui n'arrête pas de beugler va rester à quai : «Dans le Falcon, c'est plus compliqué…» Plutôt que d'embarquer l'animal, l'équipe élyséenne choisit de le confier à une famille malienne en guise de compensation - l'armée française avait bombardé leur champ. Puis Hollande achève sa visite, ciao le chameau, retour en France.

L'affaire prend une tournure croquignolesque des mois plus tard, lorsqu'on apprend le destin de l'animal : le chameau aurait été coupé, bouilli, mangé. Plus précisément, cuisiné en tajine à la faveur du printemps. Révélée par Valeurs actuelles, l'anecdote épicée fait le tour de la presse au pas de course. Les autorités maliennes prennent immédiatement l'information au sérieux, promettant à la France un nouveau chameau «plus gros et plus beau». «Nous avons honte de ce qui est arrivé», ont-elles ajouté.

Les légendes urbaines et autres fables du désert ont toujours eu du charme. Cette histoire invérifiable en fait définitivement partie. «Ça sent la blague», abondait un conseiller de l'Elysée auprès du Parisien. Selon Valeurs actuelles, Le Drian aurait carrément été chargé de donner des nouvelles du chameau chaque semaine au Conseil des ministres. Oui, l'info sent le poisson à plein nez… Signe qui ne trompe pas, l'entrefilet a été publié dans le numéro daté du 28 mars, soit la semaine du 1er avril. Le scoop de l'hebdo est donc sûrement un mirage.

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