Avec les beaux jours, les citadins se mettent en quête de verdure et envahissent les pelouses des parcs et jardins de la capitale pas encore jaunies par la chaleur. Durant l’été 2002, tous les jours, si la météo était clémente, Stephan Zaubitzer, photographe allemand et lauréat du World Press Photo 2004, a sillonné ces espaces verts, aires propices au repos, pour saisir des corps anonymes, seuls ou en compagnie, d’hommes, de femmes et d’enfants, allongés sur l’herbe.
Plus que la couleur verdoyante de ces havres de plénitude, l'œil de Stephan Zaubitzer s'est davantage focalisé sur la position de ces corps étendus sur un fond uni. «Je voulais raconter l'histoire de ces gisants très différents selon que l'on se trouve aux Buttes-Chaumont ou au parc Monceau», explique-t-il. Ces clichés évoquent également un éloge de la sieste.
Tout d'abord, bien choisir son coin, renoncer à l'idée qu'ailleurs l'herbe est plus verte. S'allonger sur le gazon, bien décidé à ne plus lutter. Plus la température s'élève, plus le corps s'abandonne à la somnolence, à l'envahissement de la sieste face à l'agressivité de la ville. Etendus sur le ventre, sur le dos, les bras écartés, recroquevillés ou en position fœtale, le siesteur et la siesteuse se laissent saisir dans la plus grande indifférence par l'objectif du photographe, dans une torpeur paisible ou inquiétante. Par ailleurs sa série a inspiré Christian Moire, pour écrire le Chant du volcan, un photoroman (éd. Thierry Magnier) avec les images de Stephan Zaubitzer.