C'est un prélude entre ombre et lumière qui pique d'abord notre curiosité instinctive face aux portraits de Rubén Plasencia Canino. A partir du roman de l'écrivain portugais José Saramago, l'Aveuglement - dans lequel un homme devient soudain aveugle, victime d'une épidémie qui se propage -, le jeune photographe espagnol s'est attardé sur les stéréotypes que la société porte sur les non-voyants, et nous dirige, avec réalisme et tolérance, vers l'essence du regard de celui qui en est privé.
Dans sa série Obscure, les codes sont bouleversés : le regard, qui structure normalement la composition d'une photographie, est, ici, absent, mais ce sont les mouvements implicites de la vision intérieure des personnes photographiées qui révèle leur force. Le fond noir, le plan serré, n'offrent pas de distraction possible, et ce face-à-face avec ceux qui ont été frappés par la «blancheur lumineuse» évoquée par José Saramago est d'autant plus bouleversant.
Projet né en partenariat avec l’association espagnole Once, qui vient en aide aux aveugles.
Demain : aurore Bagarry