Ce mardi 2 avril, Krivine est en bout de table. En cette soirée de forum unitaire, les ténors de la gauche ont bien voulu se serrer pour faire un peu de place au révolutionnaire trotskiste qu’on n’invitait plus. Il fait un tabac. Roi d’un soir, Alain Krivine a pour lui 10 000 personnes qui font vibrer le Palais omnisports de Bercy lorsqu’il lance: «Ce n’est pas parce que le drapeau rouge a été sali par ceux qui aujourd’hui sont la mafia en Russie, que nous devons abandonner ce drapeau.» Il est venu sans casque, il repart en héros. La soeur de Lionel Jospin le congratule chaleureusement. Son socialiste de frère estime que le numéro du patron de la LCR, c’est le problème de Robert Hue, pas le sien. Effectivement, le secrétaire national du PC, grand organisateur de la soirée, l’a mauvaise, même s’il croit devoir proposer au leader trotskiste un déjeuner qui n’a jamais eu lieu. Jean-Michel Baylet, président des Radicaux, boude parce qu’en arrivant Krivine ne l’a même pas reconnu. Dominique Voynet le félicite. Bref, c’est la fête à Krivine. «Quand on s’est fait virer comme un malpropre, quand on s’est fait insulter, c’est un vrai plaisir de revenir comme ça», raconte-t-il aujourd’hui. C’est le lancement de la mode Krivine? «Non un second souffle», rectifie-t-il.
Un vent radical a bien soufflé sur l'année 1996. Il ne s'est pas levé à Bercy, mais en plein hiver 1995, quand le mouvement social explose et se répand dans tout le pays. Les défilés seront surtout syndicaux. Krivine n'en