La carte décrivant le vote FN de dimanche dernier est aussi tranchée
que les précédentes. Au dessus d'une ligne Saint-Malo-Genève bien connue des historiens, à l'est du Rhône et sur les bords de la Méditerranée, le FN dépasse presque toujours les 15% et parfois les 20%. Ailleurs, les scores peuvent tomber aussi bas que 7% dans le Limousin, en Bretagne-Nord, en Lozère ou dans le Lot. Entre 1993 et 1997, la bipolarisation s'est encore accrue. Loin de se nationaliser, le vote s'est raidi sur des pôles tels que le Bassin parisien, l'Alsace-Lorraine et la Provence-Côte d'Azur. De tous les votes, c'est d'ailleurs le plus géographique. A l'échelle communale, comme à l'échelle départementale, il révèle sans cesse des contrastes géographiques et même géologiques qui auraient inspiré André Siegfried: sur la carte des résultats FN, on suit les rivages, les frontières, le cours des grands fleuves, et l'on devine la position des montagnes et des bocages. Curieusement, ce parti qui semble guidé par la communication conserve une implantation immuable. Les légères évolutions de ces dernières années donnent cependant quelques indications intéressantes.
1-LES OUVRIERS. En prenant une plus longue perspective, en comparant les résultats des présidentielles de 1988 et de 1995, une évolution apparaît très clairement: à score national presque identique à sept années de distance, le FN avait gagné dans toute la France industrielle du Nord et de l'Est et perdu dans tout le Sud et l'Ouest. A une échell