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LES AUTEURS DE NOS 25 ANS. 1974. SOLJENITSYNE. Un dissident gênant?

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De la pollution à l'oppression quotidienne au pays du goulag, une défense ardente de Soljenitsyne face aux intellectuels sceptiques.
publié le 19 mars 1998 à 20h49
(mis à jour le 19 mars 1998 à 20h49)

Michel Tatu, je ne connais de vous que vos articles et n'ai aucune raison de ne pas vous supposer honnête. Vous fûtes longtemps correspondant à Moscou ; comme tous ceux qui ont vu l'URSS sans oeillères ­ ou qui, la voyant, les ont perdues ­ vous reconnaîtrez que, pour ceux qui ne peuvent faire le voyage et qui tiennent à savoir comment vivent les Russes, il n'y a pas de meilleure introduction que les romans de Soljenitsyne. Même si on fait le voyage, quand on veut rassembler ses idées et comprendre ce qui se passe en profondeur, pour le paysan, l'ouvrier, l'intellectuel d'URSS, c'est encore à Soljenitsyne et à quelques rares autres écrivains que l'on reviendra. C'est ce que clame toute l'opposition en Russie même ; en précisant que si nombre de «dissidents» ne partagent pas les convictions religieuses et philosophiques de l'exilé, tous reconnaissent la vérité des centaines de citoyens russes que ce grand écrivain fait vivre pour nous dans ses romans.

Michel Tatu, vous savez également que sa condamnation à l'exil fut accompagnée en France d'une campagne d'intoxication visant à le présenter comme l'avocat du traître Vlassov, ce général soviétique rallié aux nazis ; l'ambassade russe et l'Humanité s'y sont employés. La publication dans votre journal des textes incriminés, les commentaires rigoureux de Maurice Clavel et d'autres ont fait justice de cette calomnie. Partiellement, car plus un mensonge est gros, plus il laisse de traces" Le résultat de cette campagne est de diss