Pour Dominique Strauss-Kahn, «l'harmonisation fiscale est un des
chantiers prioritaires [européens]. Sur l'impôt sur les sociétés comme pour la fiscalité sur l'épargne, il faudra arriver à avoir une ligne d'harmonisation à la fin du premier semestre prochain». Une demi-douzaine de prédécesseurs du ministre avaient déjà émis ce voeu, mais en vain.
Cette fois, pourtant, les Européens sont au pied du mur. Avec l'arrivée de l'euro, si rien n'est fait, la compétition fiscale, qui sévit déjà depuis une dizaine d'années en Europe, risque de redoubler en intensité. «Maintenant qu'il y a une majorité de gauche dans de nombreux pays européens, on va avancer beaucoup plus vite», jure Strauss-Kahn. Son collègue allemand Oskar Lafontaine, qui présidera pendant les six prochains mois le Conseil des ministres des finances des Quinze, se montre plus prudent. Il s'est vite rendu compte du caractère explosif du dossier: à peine a-t-il suggéré aux pays membres de l'Union européenne de renoncer, sur la fiscalité, à la règle du vote à l'unanimité, que les Britanniques se sont enflammés contre ce dangereux fédéraliste allemand (Libération du 22 décembre). Le droit de veto de chaque pays sur les questions fiscales ne devrait pas passer à la trappe de sitôt.
Système pervers. Sans intervention politique européenne, chaque pays tentera de réduire la fiscalité et les charges sur tout ce qui peut se déplacer d'un pays à l'autre: l'épargne, les hauts salaires, les grandes entreprises. L'harmonisation se f