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Libération
Critique

EMPLOI: livre. L'emploi minceur.

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publié le 22 février 1999 à 23h50

L'explication du titre les Vertiges de l'emploi est dans

l'avant-propos: l'auteur, une ex-étudiante du centre de recherches en gestion de l'Ecole polytechnique, est entrée sur le marché du travail comme stagiaire dans une grande entreprise industrielle. Stupéfaction, elle voit les directeurs de ressources humaines cocher des noms sur des listes pour chasser le sureffectif exigé par la direction. Un peu plus tard, ailleurs, elle entend le PDG affirmer ne jamais vouloir abaisser le rythme des réductions d'effectifs en dessous de 3% par an, malgré une rentabilité positive depuis plus de trois ans. Le vertige vient de là, l'idée du livre aussi. Rachel Beaujolin, aujourd'hui consultante, a traqué les mécanismes économiques, psychologiques, financiers, qui rendent inéluctables les réductions d'effectifs. Son enquête part d'un constat accablant: entre 1990 et 1994, le recul de l'emploi est fort et il dure, bien que sur le plan économique les entreprises conservent un niveau de marge supérieur à ceux atteints au début des années 70. Alors pourquoi? Les réponses des directions interrogées ne la satisfont pas: «Chez nous le président craint une OPA», «Nos années de politique sociale nous coûtent cher». Elle décèle une constante: la réduction d'effectifs est en passe de devenir le signe d'une bonne gestion. Le maintien d'un niveau bas d'emploi fait désormais référence comme la minceur. Les plans sociaux des années 70-80 étaient des plans de redressement. Ceux des années 90 sont des plan