Copenhague envoyé spécial
Même si elle passe ses journées à l'usine, Jette M. Nielsen y travaille de moins en moins. Cette femme trapue aux cheveux courts et bouclés promène son air décidé dans les couloirs de Radiometer, une compagnie d'appareillage médical installée dans la banlieue de Copenhague, qui emploie 1 600 personnes dans le monde, dont plus de la moitié au Danemark. Salariée de cette usine depuis treize ans, Jette M. Nielsen passe une demi-journée par semaine à l'atelier de montage des instruments. Tout le reste de son temps est consacré à ses activités au sein d'un syndicat qui se dit unique au monde. La KAD (Kvindeligt Arbejderforbund i Danmark, Fédération des ouvrières du Danemark) n'admet que des femmes en son sein. Ses 95 000 adhérentes sont des salariées non qualifiées de la sidérurgie, de la métallurgie ou du nettoyage. «Discrimination? On pourra employer ce mot le jour où toutes les inégalités entre hommes et femmes seront supprimées sur le marché du travail», répond-on à la KAD. Déléguée syndicale depuis sept ans, Jette M Nielsen est en position de force. Non seulement la KAD est à Radiometer le syndicat dominant, mais un accord d'entreprise déjà ancien lui octroie une position quasi monopolistique: toute nouvelle ouvrière doit adhérer à la section locale de la KAD. Les hommes, eux, se retrouvent à la SiD, le syndicat des ouvriers de l'industrie. Au niveau national, celui-ci est mixte (1), mais chez Radiometer, on n'y trouve que des hommes. «Cela dépend