Le livre de poche (paperback) est né aux Etats-Unis. Va-t-il y
mourir? On pourrait le craindre à la lecture des chiffres publiés par le Book Industry Study Group (1). S'il s'était vendu 530 millions de poches en 1995, le chiffre était tombé à 472 millions en 1998 une chute de plus de 9%, trois fois plus forte que celle de l'ensemble des ventes de livres. Et les projections du professeur Albert Greco, de l'école de gestion de l'université Fordham, ne sont guère plus optimistes tout au plus prévoit-il un lent ralentissement de l'érosion inexorable de ce marché qui est tombé de 39% (en 1993) à 36% (en 1997) de l'ensemble des livres vendus aux Etats-Unis. Même si, comme le souligne Jim Milliott, rédacteur en chef de la revue professionnelle Publishers Weekly, «le marché demeure profitable en raison de la hausse des prix». L'an dernier, il s'est vendu pour 1,5 milliard de dollars (autant d'euros, 9 milliards de francs) de poches à raison de 5,95 à 7,95 dollars (35 à 45 francs) l'exemplaire.
Les théories sont nombreuses sur la désaffection qui frappe les poches. Certains citent la restructuration des circuits de distribution, d'autres insistent sur le déclin des ventes en grandes surfaces ou en drugstores au profit de celles des grosses chaînes de librairies ou de la vente par correspondance, y compris électronique (par exemple Amazon.com).
«Mais ce qui fait le plus de mal aux éditions de poche, ce sont les éditions à couverture souple (trade paperbacks)», estime Jim Milliott.