S'investir plus dans la «vraie» politique, apprendre, voir des amis,
consacrer du temps à ses proches, tomber amoureux" Pour la philosophe Dominique Méda, la réduction du temps de travail pourrait à condition de le vouloir être le bon outil pour développer toutes ces activités «nécessaires au bien-être individuel et social». Dans son dernier livre, Qu'est-ce que la richesse (1), elle estime que la loi Aubry offre l'occasion de redonner au travail sa juste place. Un vaste chantier dont les femmes pourraient devenir le «fer de lance», car ce sont elles qui, supportant la «double journée», courent le plus après le temps.
Selon les premières enquêtes publiées, quand on demande aux salariés ce qu'ils font de leur temps libre, les réponses sont assez banales: famille, sport, repos. Pourquoi?
Il ne faut pas attendre de la réduction du temps de travail, si elle est bien faite, une révolution sociale, un investissement immédiat et massif dans les activités collectives ou l'avènement d'une société de loisirs généralisée. Il faut plutôt en attendre des modifications de frontière et de comportements, qui seront certainement d'abord peu visibles. Pour l'instant, il est déjà essentiel de redonner aux individus des marges de manoeuvre dans la gestion de leur temps, d'accroître la part de temps sur laquelle ils peuvent retrouver une certaine maîtrise, et cela au sein même du temps familial et domestique qui est souvent très contraint. A plus ou moins long terme, cela devrait pouvoir produi