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Libération

AN 2000. Les objets du siècle. La carte d'identité. La fin d'un enfer administratif.

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publié le 3 avril 1999 à 0h34

Jamais on ne croirait un sans-papiers qui raconterait ce genre

d'histoire. Mais, pour un Français qui a la double infortune de perdre sa carte d'identité et d'avoir des parents nés à l'étranger, le renouvellement de l'objet informatisé a longtemps été un enfer administratif.

A tel point que nombre de ces malheureux, et non des moindres tel l'académicien Jacques Laurent, ont choisi de s'en passer, un passeport faisant d'ailleurs parfaitement l'affaire. Du temps des (longs) débuts de la carte informatisée, il leur fallait en effet apporter la preuve de la nationalité française des parents, en produisant le registre d'état civil, entreposé à Nantes. Une étrange maison, où le téléphone sonne dans le vide, où les courriers se perdent dans les couloirs et où une bonne partie des archives ont été incendiées. Il fallait aussi tolérer l'interrogatoire effectué par un fonctionnaire peu versé sur la géographie, ponctuant d'«où ça?» bovins la mention du pays de naissance du père (Russie) et de la mère (Hongrie). Résultat: après des mois d'attente d'une réponse en provenance de Nantes, le candidat à la carte d'identité abandonnait toute velléité d'aboutir. Heureusement, comme le dit une aimable fonctionnaire de mairie, «ça change tout le temps». Et l'administration a fini par intégrer les circulaires du 27 mai 1991 et du 21 février 1996 qui dispensent les sans-carte de fournir un certificat de nationalité des parents. Pour la première fois depuis quinze ans, ils auront leur carte d'identi