Dans le grand débat des 35 heures, le temps de travail des cadres
est le match dans le match. On aurait pu penser que la réduction des horaires de cette catégorie de salariés serait une question subsidiaire des négociations entre partenaires sociaux. L'actualité bat froid ces clichés. Dans les grandes entreprises, les gradés sont souvent à la pointe de la demande de réduction du temps de travail. Les tentatives des employeurs pour limiter leur accès à la loi Aubry justifient leur inquiétude. Dans les négociations de branches et d'entreprises, les patrons ont multiplié les statuts dérogatoires au droit actuel du travail: les fameux «forfaits» avec ou sans référence horaire ont fleuri pour permettre de sortir tout ou partie de l'encadrement du carcan des 35 heures hebdomadaires. Pas seulement les cadres «dirigeants», mais aussi les «commerciaux», les «créatifs» , les «traders», voire les fonctions simplement «techniques». En contrepartie, les employeurs lâchent les jours de congés avec un élastique: neuf jours, dix, voire quinze jours supplémentaires. Les négociateurs patronaux sont particulièrement zélés sur la question des cadres pour deux raisons: la première est économique. Difficile de réduire le temps de travail des cadres lorsqu'on ne peut pas prévoir de création d'emplois dans cette catégorie. Les aides proposées par le gouvernement (9 000 F jusqu'en juin) sont, en effet, sans commune mesure avec le coût de ces postes. La seconde est idéologique. Le Medef veut prouver