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Libération

EMPLOI. L'annonce. Le privilège de la position inclinée.

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publié le 26 avril 1999 à 0h27

Inclinez votre siège vers Londres, desserrez votre cravate,

débranchez votre portable" Pour la somme de 1 650 francs (prix d'un aller simple en 1re classe), l'Eurostar vous promet «trois heures de congés payés». Des vacances sur les heures de travail en somme, sauf que le publicitaire qui a conçu l'annonce savait que dans homme d'affaires, il y a homme mais ignorait que dans trajet professionnel il y a rarement payé. Bref, prendre le train, l'avion ou la voiture aux frais de son employeur n'est réservé qu'à quelques privilégiés, les autres rallongent leur journée de boulot d'autant, et à leurs frais. La question a d'ailleurs été tranchée récemment. A l'occasion des 35 heures, le problème de savoir ce qu'il faut compter dans le temps de travail s'est reposée. La loi disait une chose, la jurisprudence autre chose, une directive européenne encore autre chose. Finalement, les députés ont opté pour la formule suivante: «Un salarié travaille lorsqu'il est à la disposition de son employeur et doit se conformer à ses directives sans pouvoir vaquer librement à ses occupations.» Exit donc l'Eurostar, surtout en position inclinée: difficile de prétendre une fois endormi «se conformer aux directives de son employeur». Restent quelques exceptions actées par les tribunaux ­ lorsqu'on travaille dans le bâtiment et que l'on se rend de l'entreprise au chantier, c'est du travail ­ et quelques aménagements prévus ici et là dans des accords de branche et d'entreprise. Pour leurs itinérants, ce