Sociologue au laboratoire Georges Friedmann (Paris-I-CNRS),
Jean-Pierre Le Goff décrypte depuis des années les méthodes de management utilisées dans les entreprises (1). Inciter les salariés à participer à des actions de solidarité s'inscrit, selon lui, dans la volonté de certains grands groupes d'offrir, à l'extérieur, une image homogène et consensuelle.
Quel est le but recherché des entreprises quand elles font participer leurs salariés à des opérations de solidarité?
En développant des actions positives à l'extérieur, les entreprises cherchent, en interne, à impliquer davantage les salariés, à ce qu'ils s'identifient à l'image de l'entreprise, qu'ils développent un sentiment d'appartenance. Bien sûr, toutes ces actions ne sont pas machiavéliques, mais elles tendent à considérer le salarié comme un membre de l'entreprise, avant d'être un individu et un citoyen.
Sont ainsi niés les intérêts et les aspirations des salariés en tant qu'individus" Au nom de l'éthique, certaines entreprises essayent d'élaborer un consensus qui nie les intérêts, les aspirations, et les implications diverses qui existent en leur sein. C'est le discours «on est tous dans le même bateau». Certes, salariés et direction peuvent se retrouver sur certains principes, mais, dans l'entreprise, il y a des différences d'implications et d'intérêts. Là, ces méthodes de management recherchent, de façon illusoire, à donner de l'entreprise une image homogène où tout le monde devrait et serait pareillement impliqué, q