Qu'est-ce qu'il a de plus que les autres? Rien, justement, et ce
serait là son principal intérêt, le Leica n'est pas un appareil photo: il est l'appareil photo. «Sans le Leica, je ne serais jamais devenu photographe», confie d'emblée Henri Cartier-Bresson, usager fidèle d'un outil légendaire. «Il est le prolongement de mon oeil», ajoute H.-C.B., toujours facétieux lorsqu'il s'agit de remonter le temps: «Mais je ne m'en souviens pas quand j'ai acheté mon premier Leica, je n'ai pas de souvenirs (sourire panoramique)" Un jour, j'étais à Los Angeles à un dîner avec Montgomery Clift et Henry Miller et, autour de la table, il y avait une chaise vide" Tout à coup, arrive la petite oui, comment elle s'appelle" Marilyn" Je lui ai dit: "Voulez-vous lui donner votre bénédiction? Elle s'est assise sur mon Leica. C'était un Leica M3, n° 750000.»
Avant d'être consacré par miss Monroe, le Leica fut chouchouté par son créateur, Oskar Barnack, alors directeur du département projection-cinéma aux usines Leitz, à Wetzlar, en Allemagne. C'est lui qui, en 1911, dans cette usine où se fabrique microscopes et longues vues, commence à réfléchir à un appareil photo. Quand on y pense, son idée est simple: imaginer un appareil photo moins lourd qu'un éléphant. Car Barnack, photographe amateur et passionné de randonnées en forêt, s'essouffle (il est asthmatique) à porter les encombrantes chambres de l'époque avec leurs plaques de verre" D'où la naissance, en 1913, du premier bébé Leica (contraction de Le