Couverts de peinture fluo, revêtus d'une cape en morceaux de drapeau
américain, portant perruque et masque, ils traversent les Etats-Unis d'est en ouest, dans un vieux bus scolaire de vingt-cinq ans d'âge, équipé de couchettes, d'un réfrigérateur, d'un évier et d'un placard, et de haut-parleurs. Le chauffeur s'appelle Neal Cassady, l'idole «beat», le copain de Kerouac.
Nous sommes en 1964, la première croisade psychédélique «qui manifeste l'âme» s'en va porter la bonne parole au-delà des petits cercles où cette nouvelle culture reste confinée. Goûtez, braves gens, ce LSD, l'acide, la base de la nouvelle perception des choses, la drogue qui «libère de toutes les censures».
San Francisco, 1964. L'élan est donné. En moins de deux ans, San Francisco devient la capitale de l'acide. L'écrivain Ken Kesey (Vol au-dessus d'un nid de coucou) et les musiciens des Merry Pranksters (les Gais Lurons) montent le Trips Festival, première grande célébration LSD. Des groupes musicaux se lancent dans l'acid rock, Clear Light, Daily Flash, The Flamin' Groovies. Les meilleurs s'appellent Jefferson Airplane, Country Joe and the Fish et Grateful Dead. Les hippies font de l'herbe (la marijuana) et de l'acide les racines de la nouvelle contre-culture. Dans le quartier de Haight Ashbury accroché à la colline, circulent des millions de doses qui donnent chacune sept, huit heures de voyage psychédélique. L'underground tient le haut du pavé.
Le «messie chimique» entre en politique. Dans les facs qui s'