Son boulot, c'est «merchandiseuse». Depuis treize ans, dans un
Carrefour de Gironde, Julie met des produits en rayon, ceux de différentes marques, qui d'ailleurs la paient pour cela. Pas elle directement. Ses employeurs six en ce moment mais elle en a eu jusqu'à neuf sont des agences «gestionnaires» de merchandiseurs. Basées à Paris, Toulouse ou Bordeaux, «peu importe, je ne les ai jamais rencontrées physiquement», ces sociétés la rémunèrent trois heures par semaine pour Nivea, encore trois pour Gillette, trente minutes pour Scholl, etc. «C'est Carrefour qui joue l'interface, Carrefour qui me les trouve, qui s'en mêle en cas de problème, qui est au courant avant moi quand un de mes contrats s'arrête.» Chaque semaine, elle fait des rapports à ses six «employeurs», inscrit le nombre d'heures qu'elle a travaillé pour chacun. «A la fin du mois, je vérifie que le compte y est. Enfin quand je dis la fin du mois, c'est plutôt le milieu du mois d'après.» L'un dans l'autre, elle travaille 24 heures par semaine et gagne 4 000 F par mois" en démarrant à 4 h 30. Le plus cocasse dans l'histoire, c'est que non seulement Julie ne sait pas vraiment pour qui elle travaille, mais qu'elle ne met pas non plus en rayon les produits des marques qui la paient. Depuis sept ans, Carrefour a changé sa politique de merchandising. «Je m'occupe en fait d'un seul rayon, l'hygiène de la femme. Je fais les commandes, le déballage de la marchandise, la mise en rayon. A part Nivea, les marques dont je m'