«Je n'ai pas le choix, je suis coincé», constate Maurice, 57 ans.
Licencié «après trente ans de maison en tant que responsable qualité», il s'est tourné vers une société de portage, seule manière pour lui de rester salarié, tout en travaillant comme un indépendant. «J'ai commencé par démarcher des entreprises pour vendre mon expertise, mais j'ai réalisé que je ne pouvais pas percevoir d'honoraires sans m'inscrire au registre du commerce et perdre du même coup mes indemnités de chômage. Or, j'en ai besoin pour vivre en attendant que ma nouvelle activité soit rentable, explique-t-il. On m'a parlé du portage, j'y ai vu une planche de salut». En proposant un statut de salarié à des cadres au chômage en recherche d'activité, les sociétés de portage ont attiré depuis deux ans près de 15 000 personnes (chiffre du Seps, Syndicat des entreprises de portage salarial). La formule est contestable en droit: ces sociétés encaissent les honoraires que les portés perçoivent de leurs clients et leur reversent sous forme de salaires, moyennant finances. Maurice a signé un contrat à durée indéterminée avec l'une de ces sociétés, bien qu'elle ne soit pas son employeur réel. Il se débrouille seul pour trouver ses clients mais se présente au nom de la société de portage. Comme son contrat précise qu'il est employé à temps partiel annualisé, il perçoit ses indemnités de chômage entre deux missions. «Mais je ne peux pas percevoir de trop grosses sommes d'un seul coup, au risque d'être radié des As