Alain, 29 ans, est ingénieur en informatique dans une grande
entreprise de télécoms où il est en mission depuis deux ans. Il est doublement «détaché»: salarié d'une société d'ingénierie en informatique, il a été prêté par celle-ci à une autre SSII qui l'a placé.
«Enchaîner les missions, c'est la règle dans les sociétés de services en informatique. J'ai été recruté il y a trois ans et, depuis, je n'ai passé que deux mois dans mon entreprise d'origine. Et encore, j'y étais contraint faute de missions. Payer des gens à attendre, ça n'est pas le genre de la maison. Ma société est en cheville avec une autre SSII. Lorsque l'une des deux décroche un contrat, si elle n'a pas le salarié compétent sous la main, elle puise dans les effectifs de l'autre. C'est comme ça que j'ai atterri dans l'entreprise de télécoms où je suis depuis deux ans: ma société m'a prêté à l'autre, qui m'a "vendu à ce grand compte pour 2 700 F par jour, en me présentant comme un de ses salariés. Du coup, je me retrouve avec deux étiquettes: mon employeur réel, que personne ne connaît ici, et mon employeur intermédiaire, avec lequel je n'ai pas de contact. Je connais juste le Pdg. Ça n'est pas très légal, mais pour moi, finalement, ça ne change pas grand-chose. Je suis payé pareil, primé, et l'entreprise de télécoms a renouvelé mon contrat récemment sans sourciller. Je m'y sens d'ailleurs complètement intégré. On ne m'a jamais fait ressentir que j'étais prestataire. Dans mon équipe, les deux tiers des gens sont