Le salarié en détachement, c'est celui qu'on envoie travailler

ailleurs pour un temps donné. Dans le secteur public, c'est courant, souvent valorisant pour la carrière, dans le privé, plus balbutiant. Quelques associations proposent à de grands groupes de placer certains de leurs salariés dans des PME, en période de baisse d'activité, vantant l'aspect formateur de la démarche. Sauf que ceux qui le font cherchent plutôt à se débarrasser de leurs salariés qu'à s'en détacher. Bernadette, cadre Bernadette, cadre de 50 ans, est «louée» depuis deux ans par son entreprise, un grand groupe international, à une association, comme chargée de projet.

«Etre une "salariée détachée n'est pas la panacée. Ça fait trois ans que je ne travaille plus pour mon entreprise et je ne le vis toujours pas sereinement. Faire une croix sur vingt-sept ans de carrière, ça n'est pas facile. Surtout que j'étais partie du secrétariat pour évoluer vers les ressources humaines. Quand les plans de restructuration se sont succédé, j'ai dirigé l'antenne emploi, et puis elle a fermé et je me suis retrouvée sans réelle affectation. Ce qui n'est pas confortable dans un groupe en cure d'amaigrissement On m'a proposé de faire du plan social. J'ai refusé. Il n'y avait pas d'autre possibilité de reclassement interne, donc le DRH m'a présenté la formule du détachement. J'ai accepté sans y croire. En mai 1996, j'ai rejoint l'association chargée de me placer ailleurs. Il m'a fallu seize mois pour trouver un poste. J'étai