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LES 12 TRIBUS D'ISRAËL. 1: La tentation populiste des russophones.Les quelque 800 000 ex-citoyens d'URSS sont séduits par les discours musclés de droite ou d'extrême droite. L'ex-directeur de cabinet de Netanyahou, Avidgor Liberman, dit «Raspoutine», se veut le tsar de ces nouveaux immigrants.

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publié le 17 mai 1999 à 1h03

Har Homa envoyé spécial

Des verres pleins de vodka s'entrechoquent. Les invités disparaissent presque derrière la fumée des braseros. Avigdor Lieberman évolue entre les tables, tend l'oreille ou la main, engloutit des brochettes de viande et alterne, entre deux bouchées, messes basses et déclarations tonitruantes. Il excelle à la fois dans le cri et le chuchotement; il aime autant la lumière que l'ombre. Naguère directeur de cabinet de Netanyahou, celui que la presse surnommait «Raspoutine», tant ses pouvoirs étaient vastes et occultes, se présente aujourd'hui sous ses propres couleurs. Avec les encouragements à peine cachés de son ex-patron. Comme tant d'autres Israéliens en ce jour de fête nationale, il pique-nique avec ses troupes, sous le couvert des pins et des cyprès. D'un barbecue à l'autre, on ne parle que russe. Des photographies en noir et blanc, suspendues aux arbres, ressuscitent le combat des «prisonniers de Sion», les dissidents juifs incarcérés sous le régime soviétique. Plusieurs vétérans sont présents. Le charisme d'«Ivet». «Quel endroit extraordinaire! On se croirait presque en Russie. L'important, c'est qu'il y ait une forêt», s'écrie Yossef Mendelovitch, arrivé en Israël en 1981 après huit ans de camp de travail et trois de prison. Pour sa partie de campagne, Avigdor Lieberman a choisi un lieu hautement symbolique, situé à la lisière de Jérusalem. Il a nom Har Homa en hébreu et Djebel Abou Ghneim en arabe. La colline boisée, qui fait face à Bethléem, e