Moshé Melissa, 33 ans, est chômeur. Il vit depuis longtemps dans une
caravane près de Lod, mais il votera pour Benyamin Netanyahou. Il ne voit pas le lien entre sa situation et la politique du gouvernement. «Peut être n'y a-t-il pas assez de travail"»
En revanche, sa présence en Israël, il la doit au parti du Premier ministre. «C'est le Likoud qui nous a fait venir ici.» La droite israélienne ne manque pas de rappeler que la grande «opération Salomon», en 1991, qui évacua 14 000 «Falachas» des hauts plateaux éthiopiens vers la Terre promise s'est déroulée sous sa férule. Sur ses tracts, des photographies montrent ces Juifs noirs descendant de l'avion à l'aéroport Ben Gourion, leurs keyses (rabbins) en tête.
Les Juifs éthiopiens sont très discrets, presque effacés. Cette communauté de 75.000 âmes n'existe pas sur la carte politique: il n'y a pas de parti falacha à la Knesset. Son unique représentant à l'assemblée sortante, Adisu Massale, personnage brillant de 38 ans, diplômé de l'université de Jérusalem, a été battu lors des primaires travaillistes.
Les militants lui ont préféré une candidate issue d'une minorité autrement plus puissante, celle des immigrants de l'ex-URSS. L'ancien député se déclare victime de «racisme». «On nous a oubliés», constate avec regret Moshé Melissa.
Les Juifs éthiopiens sont écartelés entre leur très fort désir d'intégration dans la société israélienne et leur nostalgie d'une Afrique devenue fantôme. Leurs chefs traditionnels, les keyses, ne sont pas r