Ofakim envoyé spécial
Les fondamentalistes du monde entier ont souvent un air de famille. A tel point que l'on pourrait prendre Shlomo Azran, premier maire adjoint d'Ofakim et personnalité du Shas (parti ultra-orthodoxe séfarade), pour un islamiste de Hébron, du Caire ou même de Téhéran. Barbe taillée au cordeau, veste noire tombant sur une stricte chemise blanche et sur une promesse d'embonpoint, regard sévère derrière des lunettes sans fantaisie. Son bureau, décoré de fleurs artificielles et d'une peinture de cygnes embués dans une aube rosâtre, a ce côté un peu kitsch que l'on retrouve souvent chez les intégristes musulmans.
En photo sur les murs, Ovadia Yossef, guide spirituel du parti Shas, prend la pose derrière de grosses lunettes noires. Est-ce à cause de son air docte, de sa barbe blanche, de sa coiffe traditionnelle? Celui qui fut aussi le grand rabbin séfarade d'Israël, a quelque chose d'un ayatollah iranien. Bien sûr, la kippa noire que porte Shlomo Azran dissipe toute équivoque. Mais la comparaison ne se limite pas à l'apparence. Pour s'implanter, les dirigeants de Shas ont une stratégie qui n'est pas sans rappeler celle utilisée par les fondamentalistes musulmans. Un analyste arabe les a d'ailleurs ironiquement surnommé «les islamistes juifs». «Eux-mêmes se définissent comme un Hamas israélien» indique Avirami Golan, un spécialiste du Shas au quotidien Haaretz.
Terreau propice. A Ofakim, le Shas a obtenu le plus de voix aux récentes élections municipales. Avec le