Cette entreprise a créé un crachoir électronique. Dès qu'ils ont une
frustration, une colère à exprimer, les salariés de la société Netscape se connectent sur un forum interne réservé à la «bad attitude» (mauvaise attitude). Et ils ne s'en privent pas. Chaque jour, les employés de cette entreprise américaine, connue pour son navigateur pour l'Internet, y envoient entre 50 et 100 messages. Des attaques contre telle décision, des «scuds» contre des collègues ou des hiérarques. Les mots sont crus. Créé à l'initiative des salariés (lorsque l'entreprise était minuscule et s'appelait Mosaic), ce forum défouloir dont le pendant positif est «good attitude» a toujours été toléré par la direction. Car la grogne a le mérite d'y être circonscrite. Presque canalisée. A une époque où les nouvelles technologies permettent aux informations (bonnes ou mauvaises sur l'entreprise) de circuler en tous sens, les employeurs rêvent d'en maîtriser la diffusion. Un paradoxe à l'heure où ils ne cessent de vanter l'Internet (et son pendant privé, l'intranet) comme vecteur d'expression directe. Mais comment trouver «la bonne mesure»? Pour le moment, ça tâtonne.
Au début, le patron de Netscape se refusait à consulter les messages qui affluaient sur le forum de discussion. Sa directrice du personnel lui a conseillé d'y faire un tour. Ne serait-ce que pour «prendre le pouls» de la société. Quelquefois, ça fait mal, car personne n'y mâche ses mots. Mais on jure chez Netscape qu'il n'y a «ni censure, ni