Ce durcissement de ton à Washington et à Paris mais aussi à
Londres, toujours en pointe correspond également à une augmentation des moyens mis à la disposition de l'Otan à la demande expresse du général Wesley Clark car, reconnaît alors le Pentagone, «le système de défense antiaérienne serbe est toujours loin d'être détruit»; c'est à cette période qu'il est décidé de porter de 450 à un millier le total des avions à la disposition de l'Otan (on en comptait 1 700 pendant la guerre du Golfe) et de mobiliser 30 000 réservistes américains spécialisés. C'est aussi à ce moment-là que Washington, cédant à une autre demande du général Clark, donne l'ordre d'envoi en Albanie des hélicoptères d'attaque Apache, dont on parle depuis deux semaines mais qui finalement n'entreront jamais en action, sinon pour des vols d'entraînement fatals à deux d'entre eux et à un équipage. On s'interroge encore sur la raison de tant d'agitation inutile. Il semble bien que Bill Clinton, avec l'accord du Pentagone, n'ait jamais eu l'intention de les utiliser car leur entrée en action aurait constitué un pas vers la guerre terrestre. Une guerre que le chef d'état-major américain, le général Shelton, écarte radicalement dès le 16 avril, affirmant qu'elle «ferait éclater l'Otan», qu'elle entraînerait «une rupture avec la Russie» et qu'il faudrait trop de temps pour amener les combattants à pied d'oeuvre. On peut sans crainte ajouter une quatrième raison à ce refus: les pertes humaines qu'entraînerait un