Il va s'écouler près de vingt-quatre heures entre la déclaration de
Javier Solana et le début des opérations militaires. C'est quelques minutes avant 20 heures, le mercredi 24 mars, que les premiers missiles de croisière américains, lancés à partir de navires croisant dans l'Adriatique et de bombardiers B52 H en provenance de Grande-Bretagne, atteignent Belgrade. Novi Sad, Pristina et diverses installations militaires serbes au Monténégro sont également visés lors de cette première nuit de bombardements. Belgrade dénonce aussitôt «l'attaque criminelle, terroriste, sournoise et lâche de l'Otan, preuve de la politique néonazie des Etats-Unis et de leurs satellites», et rompt ses relations diplomatiques avec Washington, Paris, Londres et Bonn, tandis que le vice-Premier ministre, l'ex-opposant Vuk Draskovic, faisant allusion à la présence de l'Allemagne dans la coalition adverse, affirme: «Nous ne sommes pas prêts à faire une différence entre les bombes d'Adolf Hitler en 1941 et celles de l'Otan.» A Moscou, qui a été tenu à l'écart des derniers développements, Boris Eltsine se déclare «profondément indigné par cette agression» et se réserve le droit de prendre «des mesures adéquates, y compris de caractère militaire, pour assurer la sécurité de la Russie et celle de l'Europe». Il suspend également toutes les relations avec l'Otan. Le ton n'est pas très différent à Pékin, qui va joindre ses protestations à celles de la Russie lors d'une brève séance du Conseil de sécurité. Les Ch