L'embarras n'est pas moindre du côté des militaires de l'Otan,
auxquels les politiques ont fixé un cahier des charges extrêmement contraignant: le «zéro perte» exigé doit s'appliquer aussi bien aux avions qu'aux hommes, alors que dans le cas de la guerre du Golfe, par exemple, les appareils n'étaient pas concernés (la coalition en a perdu trente-cinq, dont vingt-cinq américains). Obligée d'évoluer à plus de cinq mille mètres, l'aviation alliée a bien, cette fois-ci, détruit d'emblée plusieurs appareils serbes, mais elle ne parvient pas à venir à bout de la défense antiaérienne adverse, qui ruse en éteignant ses radars pour ne pas «guider» les bombes et les missiles chargés de les détruire. De plus le 27 mars, les Etats-Unis perdent un F 117A, un avion furtif de 43 millions de dollars, symbole de la technologie la plus avancée. Belgrade, où l'on organise toujours des concerts rock sur les ponts de la ville pour défier les alliés, exploite l'incident au maximum. L'humiliation pour l'Otan est à peine compensée par la récupération du pilote, au nez et à la barbe des serbes, par des commandos héliportés.
Ne parvenant pas à éliminer les risques antiaériens, les stratèges de l'Otan décident d'élargir la palette de leurs cibles, c'est-à-dire de passer à la «phase II» de plans ressortis au dernier moment des cartons: or ces plans ne prennent pas en compte l'exécrable météo qui règne à cette époque sur les Balkans et va entraîner l'annulation d'innombrables missions. Cette nouvelle p