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Libération

AN 2000. Les objets du siècle. Le tracteur. Le moteur du changement. Il débarque dans les campagnes françaises après la guerre. En quinze ans (1955-1970), il divise les besoins de main-d'oeuvre par dix et bouleverse la vie rurale. Le tracteur, objet révolutionnaire?

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publié le 29 mai 1999 à 1h14

«Quand je vais dans les fermes, je vais toujours dans les écuries,

voir" Mais il n'y a plus rien, il n'y a plus de vie.» Quand Henri Thiroin était enfant, dans les années 30 puisqu'il est né en 1921, la ferme de son père grouillait de monde. Pour cultiver ses 130 hectares de céréales, la famille employait douze ouvriers agricoles à l'année, des saisonniers bretons au printemps pour le binage, 12 chevaux percherons et 6 boeufs de trait. Il y avait aussi 300 moutons, 4 ou 5 vaches, 7 ou 8 porcs, 4 ou 5 chiens de berger, de la volaille, des lapins" «On comptait un cheval pour 12 hectares et un homme pour 13 à 14 hectares», explique Jean Lecoq, beau-frère d'Henri et héritier d'une longue lignée de fabricants et de distributeurs de matériel agricole. «Quatre-vingts ans plus tard, sur la même exploitation, vous avez le patron et, s'il est chasseur, son chien, et un employé à temps partiel. Aujourd'hui, on compte un actif pour 130 hectares», note Jean Lecoq. D'animaux, en revanche, plus. Ni chevaux, ni moutons, ni porcs, ni chiens, ni basse-cour" Aujourd'hui, les céréaliers font leurs courses à l'hypermarché, comme tout le monde. «Dans les fermes de Beauce, il n'y a plus rien. Quand vous entrez dedans, c'est mort. Il n'y a plus d'animaux», regrette Henri Lecoq.

La transition s'est faite au milieu des années 50. A cette époque, les derniers chevaux ont quitté les exploitations, remplacés par des tracteurs. Un phénomène particulièrement net chez les céréaliers, dont la production est s